On-Purpose

Olivier et le projet TERA, premier quartier rural en transition de France

Olivier PetitmenginOlivier Petitmengin, Fellow de la promotion d'octobre 2019, nous partage son parcours professionnel et personnel ainsi que les challenges de sa nouvelle aventure, le projet TERA, une expérimentation visant la revitalisation de nos territoires via la création d'écosystèmes coopératifs.



Je vis plus de 20 ans à Paris puis j’intègre une école de commerce à Nantes dans laquelle je rencontre ma femme, Stéphanie. Je commence ensuite une carrière de plus de 15 ans dans la finance, notamment 12 ans en audit externe et en contrôle de gestion dans de grands groupes.

Ces années sont riches en apprentissages, notamment grâce à l’accompagnement de deux mentors sur des sujets économiques, financiers et comptables. Je développe également des capacités de structuration, de synthèse ou de prise de parole en public à travers de nombreuses interactions avec mes homologues européens. Bien que cela me stimule, je vois rapidement la limite de l’exercice : j’ai beaucoup plus d’énergie quand je défends un projet qui possède du sens.

En parallèle, ma vie personnelle et extra-professionnelle évolue, et de nombreux évènements viennent renforcer ma volonté d’agir pour des projets qui me tiennent à cœur. Tout d’abord, je me forme à la méditation pleine conscience, une pratique qui me permet d’augmenter mon attention dans une société aux stimulations incessantes. Je deviens papa, et cette nouvelle aventure renforce mon besoin de m’ouvrir et de mieux comprendre les enjeux climatiques et sociaux de notre époque.

J’entends un jour Cyril Dion déclarer qu’il est contre-productif de prendre son vélo pour se rendre au bureau si l’on travaille pour une organisation climaticide. J’en parle à un ami, qui lui même me parle d’On Purpose. Je postule, mais je ne suis pas retenu - et avec du recul, je n’étais pas prêt.

Je continue alors à travailler en réduisant mon temps de travail pour explorer le monde associatif. Je m’engage notamment en tant que bénévole dans un supermarché coopératif dans les Yvelines, et deviens ambassadeur de ce beau projet qui réunit aujourd’hui plus de 300 personnes, un local physique et une ressourcerie. Je rejoins également le projet de monnaie locale La Racine, qui me fait totalement repenser le rôle de la monnaie dans notre société !


Les découvertes du Programme Associé

Trois ans plus tard, ma connaissance de l’écosystème et mon projet sont plus mûrs et le Programme Associé apparaît comme une évidence : j’intègre alors la promotion d’Octobre 2019, auto-baptisée Ubuntu (“Je suis parce que nous sommes”).

Le programme et sa communauté sont un accélérateur de prise de conscience. Mes deux placements se révèlent riches, avec une première mission en gestion de projet à la direction financière des Apprentis d’Auteuil puis chez Pur Projet, qui fait de l’agroforesterie. J’apprécie les avantages d’une petite structure comme Pur Projet, dans lequel le pouvoir de création y est fort et les équipes très enthousiastes. Je décide de faire un bout de chemin supplémentaire chez eux, pendant un peu moins d’un an.

Je crée aussi des liens très forts avec la communauté et ma promotion, en qui je découvre de véritables esprits créatifs et collaboratifs. Presque deux ans après la fin du programme, ces liens sont encore très solides et nous échangeons régulièrement.


TERA, un écosystème pour le XXIème siècle

Aujourd’hui, je suis engagé dans le développement du projet TERA, qui nourrit à la fois mon besoin de sens, de coopération et de challenge. Je suis notamment en charge de la structuration financière du projet et de la collecte de fonds.

TERA répond à des enjeux de société majeurs alors qu’un·e français·e sur deux déclarent vouloir quitter les grandes villes si les conditions de vie dans les zones plus rurales sont attractives. Concrètement, cela se traduit par des territoires dynamiques, en capacité d’investir, produire de la valeur et la redistribuer parmi ses occupant·e·s. Or, aujourd’hui une commune sur trois est en train de mourir.

Nous souhaitons créer le premier quartier rural en transition de France, avec comme objectif premier de répondre aux besoins vitaux des habitant·e·s. Le premier enjeu est de proposer des logements durables, avec l’intention de créer des centres de formations pour permettre le développement d’une activité d’éco-construction. Le second concerne l’alimentation à travers des activités de production, de transformation, distribution en circuits courts et de restauration. Nous souhaitons également favoriser le lien social avec un tiers-lieu générationnel ainsi que sensibiliser à la transition écologique à travers une maison de la transition. Des infrastructures seront installées pour produire de l'énergie renouvelable et alimenter des véhicules en partage.

L’ouverture vers l’extérieur est une dimension cruciale de notre modèle qui se construit grâce à la coopération entre les citoyen·ne·s, les entreprises (l’épicerie est un relais pour les producteurs locaux) mais également les pouvoirs publics (la mairie est entrée au capital du projet). Mais ce sont trois ingrédients qui rendent le modèle de TERA vraiment unique. 

Tout d’abord, nous utilisons une monnaie locale pour favoriser une circulation de l’argent sur notre territoire, et être dans une logique vertueuse d’investissement pour ce dernier. Nous avons l’objectif de distribuer un revenu d’autonomie pour soutenir la demande solvable, en monnaie citoyenne locale (l’Abeille). Ce revenu sera contre-garanti par une production locale et durable ce qui signifie qu'il sera conditionné par la capacité à dégager un excédent suffisant sur le territoire. Enfin, il nous paraît primordial de diversifier nos sources de financements à travers des dons défiscalisables, des subventions et des investissements privés. 

La question du financement est centrale afin de pouvoir passer à l’échelle, faire nos preuves et espérer voir notre modèle être répliqué par d’autres acteurs un peu partout au niveau national. Alors que nous prenons en compte les externalités et créons de la valeur immatérielle, TERA demande des investissements plus longs (sur 10 à 15 ans au lieu de 2 à 3) avec des rendements plus bas (maximum 2%). C’est notre plus gros challenge car même les fonds les plus éthiques attendent aujourd’hui un retour sur investissement important et rapide, et notre modèle économique et sociétal est très éloigné des ces réalités comparés à des investissements jugés plus attractifs, comme dans la tech. 

C’est pourquoi nous lançons un financement citoyen qui permettra d’investir dans le projet en souscrivant des titres participatifs. Il s’agit d’un prêt à long terme avec un remboursement différé du capital par quart à partir de la 7ème année. Les titres seront rémunérés à 2% par an et seront défiscalisables à hauteur de 25% la première année.

Il sera possible de déposer une intention d’investir à partir du 3 novembre et jusqu’au 19 décembre. Pour plus d’informations, voici le site Internet du projet : www.lustrac-en-transition.coop où un document d’information synthétique sera bientôt disponible. Le financement ne donne pas lieu à un prospectus soumis à l'approbation de l’Autorité des Marchés Financiers.

Projet Tera Investissement