On-Purpose

Comment ai-je dépassé mon syndrome de l'imposteur ? En y faisant "ECHOS" !

Alain Milcent, Fellow de la promotion d'octobre 2020, nous livre son témoignage sur le syndrome de l'imposteur qui l'habite depuis longtemps. Il vous partage aujourd'hui ses propres armes pour savoir l'identifier, prendre du recul...et se lancer ! 

Alain Milcent Oct20

“Arrête de perdre du temps avec tes doutes : fonce !” Frootch, podcast de Sarah Treille Stefani. 


Comment le Programme Associé On Purpose m’a permis d’apprivoiser mon syndrome de l’imposteur ? Aux yeux de mes proches, rejoindre On Purpose après 12 ans de vie professionnelle consistait à quitter un poste confortable et statutaire pour aller faire deux “stages” sous payés, sans choisir mes employeurs, dans un secteur que je ne connaissais pas et vers lequel je n’avais aucune raison d’aller. 


Quand, comme moi, on tombe facilement dans le doute et la remise en question, il y a plus facile. De façon empirique, je dirai que la plupart des personnes intéressées par ce programme de transition de carrière sont généralement déjà dans une phase de questionnement sur leur place, leur contribution à la société, le sens qu’ils et qu’elles souhaitent donner à leur engagement. Cela ne signifie pas qu’il est simple de dire oui et de s’engager pleinement dans l’aventure. Le doute, pouvant souvent être un élément moteur, peut aussi facilement devenir un frein.


Il y a toutefois une façon bien plus positive d’aborder le programme : se mettre au service de deux structures de l’économie sociale et solidaire, et enchaîner deux expériences apprenantes dans un secteur de l’impact qui est en demande de renforts motivés. Un cadre  sécurisant enveloppe cette expérience, notamment grâce à l’équipe On Purpose, son écoute et ses outils, mais également les pairs et la communauté, le ou la coach ou encore les mentors. Les Associé·e·s On Purpose ont, je crois, toutes les raisons de se sentir rassuré·e·s au moment de démarrer le programme. Ce témoignage est très personnel, j’espère toutefois qu’il sera partagé par les nombreux et nombreuses Fellows qui constituent aujourd’hui la très belle communauté On Purpose. 


Le doute qui touche les futur·e·s Associé·e·s et plus largement toute personne désireuse de changer de carrière, de réaligner ses convictions et engagements avec sa vie professionnelle, est tout à fait légitime. Il devient difficile à aborder quand il s’associe au sentiment d’illégitimité que l’on ressent quand on ne s’estime plus à sa place, tout en s’apprêtant à poursuivre sa carrière dans l’économie à impact. C’était ça, mon syndrome de l’imposteur. 


Dans les faits, j’ai connu jusqu’à On Purpose très peu d’expérience professionnelle qui m’ont permis de me mettre en situation de confrontation ou de dépassement de mon propre syndrome de l’imposteur dans un cadre aussi bienveillant. Dès le début : les professionnel·le·s qui rejoignent le programme sont sélectionné·e·s de façon rigoureuse en fonction de leur parcours et de leurs expériences précédentes, et sur la base de leurs compétences transposables et transférables dans le programme - dont certaines touchant l’interpersonnel et le rapport à l’autre. En revanche, cette sélection ne veut pas dire que les candidat·e·s non retenu·e·s n’ont pas leur place dans l’économie à impact, mais que les personnes retenues ont pleinement su démontrer ce qu’elles pouvaient tirer du programme, tout en étant rassurant sur leur capacité à être un atout pour les organisations qui les accueilleront.

Pour ma part j’ai eu la chance d’évoluer dans deux structures autant engagées l’une que l’autre, mais avec un ADN et une mission très différente. J’ai ainsi bénéficié de deux terrains d’expérimentations fabuleux. J’ai commencé par rejoindre une scale-up engagée de l’économie circulaire. Mon appréhension portait sur l’idée que je m’en faisais : j’allais travailler avec des vingtenaires militant·e·s, en sweat à capuche et VEJA, auprès desquel·le·s je passerai pour un modèle obsolète. Dans la réalité, j’ai pu rapidement mettre à profit mon expérience pour aider toute l’équipe à être plus organisée et structurée dans l’atteinte des objectifs de l’entreprise. J’ai dans ce premier placement bénéficié d’une confiance sincère du PDG qui n’a pas hésité à me challenger positivement. J’ai surtout rapidement pu trouver mes marques, me rassurer en constatant que je maîtrisais à peu près tous les codes et les outils de travail (à l’exception de Slack, qu’il m’a fallu 2 jours pour prendre en main), et surtout que je pouvais partager à mes collègues une capacité à prendre du recul, à poser les sujets pour trouver des solutions adaptées. Pas si obsolète que cela donc !


Mon second placement m’a amené dans une structure publique de lutte contre la grande précarité : mes missions me semblaient plus évidentes, le sentiment d’illégitimité est plutôt venu du fossé que j’ai ressenti - ou plutôt créé par mon esprit - entre mes propres expériences et le quotidien des agents et bénéficiaires de cette institution. Sur le terrain, j’ai eu la chance d’aller à la rencontre de bénéficiaires en grande précarité, ainsi qu’auprès des  professionnel·le·s qui se mobilisent pour les aider : je crois qu’il n’y a pas de meilleure cure au sentiment d’imposteur que de mettre les mains à la pâte. La peur se dilue dans l’action. 


Je retiens quelques éléments qui m’ont permis d’apaiser, d’apprivoiser, voire d’affectionner ce sentiment d’illégitimité. J’en portais certains en moi et  d’autres sont venus compléter ma panoplie au cours de l’année. Pour en  faire quelque chose de facile à retenir, je vous dirai d’aller vers ce qui fait naturellement  “ECHOS” en vous : 


Empathie : prendre le temps et/ou faire l’effort d’essayer de comprendre et de se mettre à la place des personnes que vous rencontrez et avec qui vous travaillez : comprendre “qu’est-ce qui fait que mon interlocuteur me dit cela ?” est un axe de travail exploré personnellement en coaching (merci à ma merveilleuse coach !). Cela ne donne pas toujours la réponse, mais pousse toutefois à prendre un pas de recul avant de foncer tête baissée. Et l'empathie bien ordonnée commence par soi-même, prendre le temps de s’écouter et d’accepter ce que l’expérience a d’inconfortable ! 


Curiosité : dans le prolongement de l’empathie, s’efforcer d’être curieux·se des personnes et des organisations rencontrées, pour s’autoriser aussi le temps de la découverte. C’est tout à fait normal de se sentir plus ou moins mal à l’aise dans un nouvel écosystème, autant l’accepter et prendre le temps de trouver ses repères. Poser des questions, avec des conditions sécurisantes*, permet de monter plus vite en compréhension de son environnement et des attentes placées en vous. 


(* par exemple : “je suis désolé si ma question vous semble un peu bateau, j’ai besoin que vous me reprécisiez la différence entre une halte de jour et un CHU ?”) 


Humilité : en tant que “super stagiaire en reconversion”, on peut avoir la tentation de transférer ses compétences à l’identique. Après tout, j’ai cinq ans d’expérience dans le conseil, j’ai été contrôleur de gestion, j’ai animé des Comités Exécutifs… ce n’est tout de même pas à moi qu’on va apprendre la vie !.. Parfois, cette réaction est juste; mais de mon expérience, c’est justement lorsque j’ai le plus naturellement fait preuve d’humilité que je suis parvenu à créer une relation de confiance dans le travail, en adoptant une posture d’écoute pour me mettre au service des projets qui m’ont accueilli. 


Oser ! La posture d’humilité trouvée, vient le moment d’oser : profiter de ce positionnement unique dans un nouvel écosystème, qui je le répète est demandeur, voire a besoin de renforts et de compétences variées, pour se permettre de tester et de proposer de nouvelles façons de faire. C’est là que l’Associé·e peut pleinement déployer sa panoplie de compétences transférables et transposables, c’est-à-dire s’appuyer sur tout ce qu’il ou elle a déjà réalisé dans ses emplois précédents - ses succès comme ses échecs. Par exemple : j’ai porté des projets de transformations complexes dans des environnements très structurés. Si je prends en compte mon nouvel environnement, ses codes et ses contraintes, que se passe-t-il si j’apporte ce que je sais bien faire ? En général : de belles choses ! 


Et enfin, pour que cela résonne pleinement : S’amuser ! Un enfant qui découvre une nouvelle aire de jeu se met rarement des limites, il va plutôt aller avec enthousiasme vers le nouveau toboggan (coucou mes collègues du Samu Social de Paris et le parc des Cormailles), sachant généralement qu’un de ses parents veille sur lui. J’en reviens au cadre évoqué en préambule : l’équipe On Purpose et tout l’écosystème qu’elle mobilise contribuent à placer les Associé·e·s dans les meilleures conditions, et à les soutenir dans leur démarche…jusqu’à les entraîner à pouvoir poursuivre leur engagement par la suite. 


Voilà mon message, cet écho qui j’espère résonnera avec vous. Ce que j’aime, c’est que cette approche s’alimente elle-même : l’écho répond, répond, répond, puis s’estompe progressivement. Au même titre que le sentiment d’illégitimité initial s’efface au fur et à mesure de l’année… et réapparaît au second placement, et dans les expériences suivantes. Mais désormais, vous savez comment l’accueillir !