On-Purpose

Du secteur pharmaceutique à Greenpeace, le parcours d’Élodie Ferra

EF

Élodie, Fellow de la promotion d’avril 2019, est chargée de mission citoyenne pour Greenpeace, organisation internationale qui mène depuis près de 50 ans des actions selon les principes de non-violence pour protéger l’environnement et promouvoir la paix. De sa formation en sciences du vivant à sa reconversion pour engager les citoyens à le défendre, Élodie nous partage son parcours.

Quel est ton parcours ?

J’ai fait une école d’ingénieur agronome, très généraliste, mais avec un lien avec les sciences du vivant parce que ça m’a toujours intéressée. Au sein de l’école, j’ai découvert le monde de l’industrie qui m’a beaucoup plu, et j’ai choisi de m’y spécialiser avec un prisme marketing. 

J’ai commencé à travailler dans l’industrie de la santé au sein du groupe Urgo où j’ai évolué pendant 5 ans. Je me suis épanouie professionnellement et j’ai même réussi à impulser des projets de sens comme la coupe menstruelle, qui a un vrai impact sur la réduction des déchets liés aux protections périodiques. 

Mais au fur et à mesure, la logique capitaliste ne m’a plus convenue. Il y avait un décalage entre mes valeurs et mon travail qui consistait à vendre toujours plus de produits, quitte à ce qu’ils ne répondent pas à un véritable besoin. C’est un secteur où l’on poursuit « l’innovation » jusqu’à lancer des produits non pertinents, et où l’on préfère trop produire et détruire la masse d’invendus plutôt que de concevoir de manière raisonnée. Cela ne m’allait plus, mais comment trouver une autre voie ?

Quel a été ton déclic ?

Pendant cette crise de sens, j’ai lu et je me suis notamment intéressée au social business de Muhammad Yunus. En parallèle, je postulais dans des boîtes à impact, mais ça ne donnait rien. 

Je me suis rapprochée de la communauté makesense où j’ai fait des missions bénévoles auprès d’entrepreneurs à impact, participé à des hackathons, etc. Un jour, j’y ai rencontré un Fellow On Purpose et c’est comme ça que j’ai découvert le Programme Associé. J’ai postulé, et j’ai été admise dans la promotion d’avril 2019 !

Là, tout a été une découverte. Mes deux missions m’ont beaucoup plu, dans deux structures très différentes : chez Planète Urgence, une petite ONG qui agit pour préserver les forêts et la biodiversité, et à La Croix Rouge qui est un gros employeur avec une renommée internationale. C’était intéressant de voir comment chacune à sa manière avait de l’impact. Et ça ne m’a pas apporté qu’une meilleure compréhension de l’ESS, mais vraiment une expérience professionnelle significative qui a été valorisée à la sortie du Programme.

Ce qui m’a surtout marqué pendant l’année, c'est l’échange avec la promotion, les formations du vendredi après-midi à découvrir le panorama des acteurs de l’ESS et les différentes missions des autres Associé·es. Moi qui étais jusque-là très focalisée sur l’environnement et moins sensibilisée sur l’inclusion par exemple, j’ai vraiment compris que social et environnemental étaient liés.

J’ai profité de ce moment pour interroger mon mode de vie : j’ai fait des weekends en France plutôt que des grosses vacances à l’étranger, j’ai végétalisé mon alimentation, je me suis lancé dans un défi « rien de neuf »… Le fait d’avoir des réflexions collectives sur ces sujets avec ma promotion m’a beaucoup soutenue. 

Et maintenant ?

J’ai terminé le programme en avril 2020, en plein confinement. Quand l’aventure s’est terminée, je me suis trouvée désemparée parce que ça ne m’avait pas montré “une” voie, mais ça avait élargi le champ des opportunités ! J’ai réalisé que je pouvais avoir de l’impact à plein d’endroits différents (selon les missions, structures, domaines, etc.). Et même si cela a été frustrant de ne pas avoir de “révélation”, je n’avais plus la pression de trouver absolument la bonne réponse. Il y a plein de missions, d’acteurs, nous ne sommes pas seuls dans ces décisions et il faut d’abord écouter ses envies. 

J’ai candidaté auprès de plusieurs structures différentes, dont des ONG et notamment Greenpeace. Greenpeace a toujours été un modèle pour moi, et j’aimais encore plus l’organisation après l’intervention de Laure Ducos (alors chargée de campagne chez Greenpeace) pendant le Programme Associé. 

J’ai postulé en me disant que je serais jamais prise, mais au final si ! Au moment d'accepter le poste, j’ai eu un bref moment de doute. J’ai eu peur d'être "cataloguée" trop militante si par la suite, je souhaitais changer de type de structure. Mais cette appréhension a rapidement été levée en échangeant avec des personnes du Programme Associé et mon ancienne manageuse. Ils·elles m'ont rassurée sur la cohérence de mon parcours et la manière dont je pourrai valoriser ces différentes expériences. Depuis, aucun regret !

Greenpeace cherchait justement quelqu’un avec une vision différente du militantisme classique. J’ai été intégrée au poste de Chargée de campagne citoyenne, dont le but est d’engager plus largement les gens pour l’écologie près de chez eux. C’est l’expérience On Purpose qui a fait que mon CV a été retenu. À la fois parce que cela montrait ma volonté de changer de carrière pour plus d’impact, mais aussi parce que les deux CDD m’avaient appris des choses clés pour le poste.

Mon travail a été de lancer et de développer la plateforme Greenvoice. Et comme il y a eu de bons résultats rapidement, le poste a été pérennisé et l’équipe s’est agrandie. Aujourd’hui, ce projet est devenu un des leviers stratégiques de Greenpeace en France. 

J’éprouve beaucoup de fierté à savoir que mon travail a un sens, Greenpeace ayant un impact certain sur la société civile, la politique et les entreprises. De plus, c’est une organisation financée à 100% par des dons d'individus, ce qui est une grande force et lui permet d'être totalement indépendante, notamment dans ses choix de campagnes. La structure est influente au sein du mouvement climat, ce qui permet de mieux comprendre les différents enjeux. Et le côté international donne le sentiment d'appartenir à une grande famille mondiale, unie pour l'environnement et les humains.

Pour moi, le Programme Associé représentait un risque parce que je quittais un CDI, un secteur d’activité où j’avais de l’expérience… C’était un saut dans l’inconnu, mais je sentais que c’était le moment pour moi de tenter. Et je ne regrette pas une seule seconde ! Ça a été un tournant décisif. Je travaille pour la structure dont je rêvais et, au-delà du professionnel, je n’appréhende plus la vie de la même manière. Je suis très heureuse de m’être lancée !