Faire du sens, toute une histoire

Rémy Dahi, Associé de la promotion Octobre 2015, revient sur sa transition de carrière vers plus de sens.

Comment donner du sens à son parcours professionnel ? Comment se réapproprier une trajectoire de vie qui semble vous échapper ? Nous sommes si nombreux à nous poser cette question qu’aujourd’hui ce sujet est devenu l’un des plus traités par les blogs, les sites d’emploi, les coachs, et bien d’autres.

Ces quelques lignes n’auront donc pas l’ambition d’apporter une réponse définitive à ces questions, ni même à vous donner mes réponses définitives. Plus simplement, je vous propose de me suivre pour quelques minutes dans le chemin que j’ai pris, à travers le programme On Purpose et chez MakeSense.

Le premier pas de ce chemin a été de quitter mon job de consultant, et ainsi de faire mon “job out”. Pendant plusieurs années, j’ai travaillé dans des cabinets de conseil en organisation et en management : j’y avais pris mes habitudes, je m’y étais fait des amis (a priori ils le sont toujours). J’aime souvent dire que j’y étais bien, que j’aurais pu y rester et y couler des jours agréables. Mais comme beaucoup trop d’autres, il me manquait quelque chose dans ce travail. Du sens oui, mais aussi une envie d’avoir un positionnement différent dans la façon de travailler, davantage d’espace pour m’exprimer. Concrètement, il s’agissait surtout de quitter un confort et partir vers l’inconnu.

L’inconnu s’appelle On Purpose, un programme créé à Londres en 2010, dédié aux personnes qui veulent s’orienter vers davantage de sens dans leur travail.

Pour cela, pendant un an, le programme offre un dispositif complet afin de réussir cette transition :

  • chaque associé est intégré à deux organisations (pendant 6 mois chacune) qui ont pour particularité d’allier enjeux sociaux/environnementaux et business
  • il bénéficie d’une formation hebdomadaire d’une demi-journée sur le secteur social, le savoir-faire commercial et le leadership
  • il est accompagné par un mentor sur l’aspect opérationnel et par un coach sur le développement personnel

Je fais partie de la deuxième promotion du programme à Paris et ai rejoint dix autres personnes qui ont fait le même choix que moi. Issus d’horizons aussi différents que le BTP, les nouvelles technologies, ou l’industrie des engrais chimiques, ils partagent cette même volonté d’avoir davantage d’impact dans leur travail et une envie de profiter de cette année pour apprendre et expérimenter. Tous ces ingrédients ont créé un groupe solidaire et très bienveillant (autrement dit : vous êtes géniaux !!!).

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                                       Les deux promos On Purpose Paris presque au complet.

Tous, nous avons accepté de commencer ce programme sans connaître les organisations où nous allions travailler. Ce n’est qu’après un processus de vœux que chacun des associés a été affecté à 2 organisations hôtes (pour octobre-avril puis mai-octobre). Et me voici donc parti pour 6 mois chez MakeSense !!

En quelques mots, MakeSense est une association qui réunit des citoyens désireux d’avoir un impact sur un problème social ou environnemental et des startup sociales qui cherchent à y apporter une réponse. Concrètement, l’entrepreneur poste sur la plateforme web son défi (affiner son modèle économique, structurer sa communication, organiser une campagne de crowdfunding, etc.) et des volontaires s’inscrivent pour l’aider à résoudre ce défi via un atelier de créativité. Ces ateliers inspirés du design thinking permettent de faire émerger de nouvelles idées grâce à l’intelligence collective. Depuis 5 ans, une communauté de 20 000 personnes s’est ainsi mobilisée pour aider des entrepreneurs à faire avancer leurs projets.

Pour ma part, j’ai intégré l’équipe qui adapte les méthodologies de MakeSense aux grandes entreprises, CommonsSense. Il s’agit d’offrir à des employés un dispositif spécifique leur permettant d’exprimer leur créativité et de trouver des solutions à une problématique actuelle de leur entreprise ou de leur écosystème. Notre équipe construit ainsi des communautés qui visent à innover, à acquérir de nouvelles méthodes de travail et à donner un sens nouveau à leur présence dans l’entreprise. Le maître-mot est ici l’engagement.

Ma mission ? Aider cette jeune équipe qui a déjà réussi de nombreuses missions à structurer son activité dans le cadre d’une forte croissance. Un défi dans un environnement qui change sans arrêt!

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                                                En pleine action ! (l’écran a été réparé depuis)

Mon positionnement? Un membre de l’équipe tout simplement ! Intégré dès les premiers jours dans des rendez-vous commerciaux et des missions en cours, j’ai pu m’imprégner très vite de la culture CommonsSense. Avec ces immersions, j’ai pu constater que de nombreux éléments fonctionnaient bien, notamment dans la relation avec les clients. Cette relation est véritablement différente, au-delà du discours convenu du «nous sommes très proches de nos clients». Je me souviens d’une présentation orale de fin de diagnostic chez un client, où cette sauce secrète m’est apparue comme réelle. De mémoire de consultant (ou mieux: parole de vieux briscard), je n’ai pas souvent entendu autant d’éloge sur un travail de ce type. Bien évidemment, tout n’était pas parfait, et j’ai donc pu avoir un terrain de jeu pour travailler avec eux pendant ces 6 mois.

6 ateliers animés, 3 propositions commerciales, une mission menée de bout en bout…

Dans l’équipe, j’ai donc eu un rôle particulier : un pied dans l’opérationnel pour animer des ateliers, présenter des offres commerciales ; un pied dans l’amélioration des façons de faire, pour construire des outils, des processus, des moyens de travailler plus efficacement ; un pied dans la stratégie pour affiner le positionnement des prestations, le développement international (oui ça fait trois pieds, qui a dit que l’on devait rester humain). Pendant ces six mois, mon obsession a été de proposer des éléments les plus simples possibles, ayant le maximum d’impact.

De plus, j’ai pu apporter ma contribution a plusieurs projets de développement de MakeSense qui me tenaient à cœur : la refonte de l’identité de marque, le développement d’un outil de mesure d’impact des actions réalisées sur les différentes causes suivies par MakeSense…

“Maintenant tu fais partie de la famille”

Derrière le mot «sens», utilisé parfois à tort et à travers, me reviennent plusieurs autres, et c’est plutôt avec ceux-là que je veux terminer ce propos.

Le premier, nous l’utilisons souvent chez MakeSense, c’est l’inspiration. Plusieurs des personnes que j’ai croisées m’ont montré, par leur état d’esprit, par leurs réalisations, par leur énergie super positive que c’était possible.

Possible de quitter un emploi stable pour remettre en question ses certitudes, sortir de son confort et s’épanouir dans un nouvel environnement. Possible de partir d’un voyage à la rencontre d’entrepreneurs sociaux en Asie et de constituer une communauté qui ambitionne de contribuer (avec humilité) à résoudre les 17 sustainable development goals définis par les Nations Unies.

Le sens, je l’ai surtout trouvé par les liens que j’ai créés, avec ma promotion On Purpose, avec les équipes de MakeSense et avec d’autres personnes que j’ai croisées. Ces personnes, avec qui j’échange des moments de joie, de doute, m’enrichissent chaque jour. J’en profite pour les remercier. C’est sans doute quelque chose que j’attendais, mais sans le savoir. Il n’est pas trop tard pour se découvrir !

En écrivant cet article, je me suis rendu compte de la valeur du chemin que j’ai débuté : pour moi, il s’agit d’être prêt à accueillir l’émotion, l’exaltation que je recherche, ce que je n’ai jusque-là pas pu faire. Sans être dans une quête du coup de foudre professionnel, il est plus que temps de parvenir à ressentir autre chose que le sentiment du devoir accompli qui s’accompagne d’un virement mensuel sur son compte. Mettre de soi dans toute production, dans toute relation, est quelque chose qu’on apprend souvent à effacer (qui n’a pas entendu que tous les consultants étaient interchangeables). A l’air des évolutions actuelles, il me semble qu’une nouvelle dualité se profile entre des éléments très automatisables, et des éléments très individuels ; les premiers sont rendus très facilement accessibles par le digital ; les seconds directement liés à la personnalité de leur auteur. De nombreux signaux me prouvent que cette construction est en train de se réaliser. En tout cas, elle se réalise pour moi.

Maintenant, je m’apprête à rejoindre une structure d’une toute autre nature, le groupe Ares, qui travaille dans l’insertion de populations en situation d’exclusion, par l’activité économique. Une nouvelle étape du chemin, une nouvelle page à écrire…

Vous pouvez lire cet article dans sa version originale ici.