On-Purpose

Il faut répliquer les entreprises sociales qui fonctionnent !

Félix Beaulieu, co-fondateur d’On Purpose à Paris, explique pourquoi il est souvent préférable d’essaimer les innovations sociales plutôt que de créer une nouvelle start-up.

Le principal problème des entreprises sociales c’est leur petite taille. Ces organisations inventent des modèles qui sont viables économiquement pour réparer et éviter les problèmes sociétaux mais leur échelle d’action est encore trop limitée. A Londres le SE100 (Social Entreprise 100) a calculé que le chiffre d’affaire moyen d’une entreprise sociale est de 445k£ contre 8.8 Milliards£ pour une entreprise du FTSE100 (l’équivalent du CAC40 Britannique) soit un rapport de différence de taille de 1 à 20.000. Afin de mieux visualiser, un rapport de 1 à 20.000 c’est comparer l’épaisseur d’une pièce de 2euros posée à plat sur la place de la Bastille avec la hauteur de la colonne de Juillet.

Ce que je pense c’est que pour changer l’échelle de l’impact positif sur la société des entreprises sociales, on peut allez vite en réutilisant des modèles déjà prouvés !

0_RW6q3hK2MgFBqku3.png

L’innovation et la start-up à tout prix

Depuis quelques années, on voit enfin se multiplier les start-ups sociales, dont beaucoup travaillent sur des sujets très proches ou réinventent la roue. Ces jeunes entreprises sociales passent un temps fou à se créer un modèle, une marque, des éléments de communication, une légitimité, des partenaires, à trouver et présenter en quoi elles sont différentes de ce qui se fait déjà ailleurs. Beaucoup échouent, et la plupart de celles qui réussissent vivotent difficilement.

Pourquoi il ne faut pas confondre “posture d’entrepreneur” et “réinventer la roue”

Il y a peut-être une erreur chez les professionnels en recherche d’énergie entrepreneuriale, de challenges, d’autonomie, de liberté ou d’impact, celle de croire qu’il faut être un entrepreneur, qui innove ou créer soi-même quelque chose d’absolument inédit. Si vous avez une idée véritablement extraordinaire et pouvez trouver les ressources pour la concrétiser lancez vous, mais sachez que vous avez beaucoup de chances d’échouer, surtout jeune ce sont les statistiques. Et si vous n’avez pas d’idée révolutionnaire ou que vous ne vous sentez pas (encore) partant pour cela il y a de superbes solutions intermédiaires..

0_GR8qcATLLPrMjqHY.png

Les réplications & franchises d’organisation existantes offrent de nombreux avantages

J’ai moi-même créé bénévolement une franchise sociale en démarrant MakeSense à Londres et maintenant professionnellement en important On Purpose à Paris. Voici ce qui m’attire dans ce modèle de développement:

Plus de chance de succès et plus rapidement :

  • On peut démontrer à tous les partenaires qu’il s’agit d’un modèle prouvé
  • On sait quelles compétences sont nécessaires dans l’équipe
  • On peut faire référence aux clients existants
  • On peut ré-utiliser des matériaux de communication (même s’ils doivent être adaptés au contexte et/ou à la langue)
  • Selon la proximité géographique, on peut partager des contacts pour différents types de parties prenantes
  • On peut parfois obtenir un financement de démarrage par la « maison mère » par des prêts à taux réduits, des dons, ou par la mise en contact avec des investisseurs potentiels
  • On réalise des économies d’échelle en partageant certaines fonctions centrales
  • Les améliorations et innovations futures seront probablement plus pertinentes si elles ont été créé en coopérations avec les structures soeurs des autres territoires
  • C’est un bon équilibre entre entrepreneur et manager
  • Le créateur d’une franchise est relativement maitre à bord (cela marche aussi au pluriel). Cette relative liberté correspond bien à l’aspiration première de ces nombreux jeunes professionnels qui veulent être créateur d’entreprises
  • Le quotidien est très entrepreneurial et divers, surtout au début : il faut trouver des clients et différents partenaires, adapter de nombreuses ressources clefs (contrats, site web, modèle de services)
  • La prise de risque est plus limitée

De plus Isabelle Hoyaux de Scale Changer présentait lors de sa formation aux Associés On Purpose que l’organisation mère doit aussi se préparer. Il lui faut “apprendre à faire un nouveau métier. Tu es d’abord opérateur, et tu vas devoir formaliser ton savoir faire, accompagner les entrepreneurs sur de nouveaux territoires. Ton métier devient de faire passer un savoir faire.”

La réplication peut plaire pour de nombreux de porteurs de projets :

Les challenges liés aux réplications et franchises :

Le principal désavantage spécifique à cette approche à la création d’entreprise sociale par la réplication tient à la perte relative de liberté pour innover ou pivoter. Celle-ci dépend des cultures des organisations, de l’autonomie financière des antennes et des accords de gouvernance.

Ci dessous les principaux modèles de réplications et de changement d’échelles selon Scale Changer

Modèles de réplication : Dissémination / open source (DiscoSoupe, Aravind), essaimage souple avec une forte autonomie des structures (Emmaüs, Réseau Cocagne), essaimage franchisé et formalisé (Impact Hub, Teach For France — Teach for America), développement centralisé d’antennes locales (Môm’artre, Siel Bleu, Unis-Cité).

Autres méthodes de changement d’échelle: Partenariats innovants avec de plus grands acteurs privés/publiques (Total & d.light), croissance externe (adossement de structure / mutualisation) d’une organisation existante (Groupe SOS, ou le Chenelet en structuration de filière), croissance organique du Chiffre d’Affaire, ou de l’impact — rejoint parfois le développement centralisé (RezoSocial, 1001impact, Groupe SOS).

“En pratique de nombreuses structures mixent les approches en fonctions des besoins, moments, territoires” précise Isabelle Hoyaux.

Pour mettre les choses en perspectives on connait déjà bien en France notamment la Fédération d’associations, qui correspond souvent au modèle 2 dans la typologie ci-dessus avec par exemple Emmaüs et les jardins de Cocagne. L’objectif, dans tous les cas, est bien de dupliquer un concept qui fonctionne pour faire bénéficier de son utilité à d’autres territoires.

Lancez-vous, le sommet est atteignable !

Il y a vraiment de formidables opportunités pour développer des entreprises sociales en dupliquant des modèles existants dans d’autres régions ou d’autres pays.

Isabelle Hoyaux précise qu’ “il est difficile pour ces organisations de trouver les bonnes personnes à même de porter ces projets de réplication.”Vous n’avez pas besoin d’attendre d’être embauché par la maison mère pour cela. Si vous repérez une organisation qui vous plait et à fort potentiel de duplication, vous pouvez être pro-actifs et contacter vous-même les gérants de la maison mère, ainsi sont nés par exemple les nouvelles antennes d’On Purpose à Berlin et dans une certaine mesure à Paris, des crèches du réseau Môm’artre, des antennes de Simplon.co ou encore Teach for France franchise hexagonale de Teach for America.

0_JrDk-SHaJPNZ9Mar.jpg

D’autres articles sur le challenge du changement d’échelle pour les entreprises sociales ici et ici.

Si vous voulez en savoir plus sur les différents modèles de franchises et de fédérations, Scale Changer, un partenaire d’On Purpose, propose une sélection de ressources : http://scalechanger.org/

Si vous avez des ajouts à proposer, felix@onpurpose.fr, merci.