Joséphine, la beauté comme levier pour que chaque femme prenne sa place dans la société

Les Associés d’On Purpose vous emmènent sur le terrain à la rencontre des projets et professionnels de l’ESS pour rendre compte de la diversité des structures et de leur impact.

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La confiance, élément clé de réinsertion

Un soir de mars à Paris je me rends chez Joséphine, un salon de beauté solidaire du GROUPE SOS, véritable oasis de calme niché dans la rue de la Charbonnière en plein cœur de la Goutte d’Or. Cette association a été créée en 2006 par Lucia Iraci à partir du constat que la précarité rend difficile, voire impossible l’accès aux soins de beauté et affecte l’estime de soi, notamment chez les femmes. Cette confiance en soi est pourtant clé dans un parcours de réinsertion sociale ou professionnelle.

L’originalité de ce projet vient de son modèle, à la fois intégré dans le parcours de réinsertion — les femmes étant orientées vers Joséphine par des structures d’accompagnement social — et salon de beauté ordinaire, considérant ces mêmes femmes comme clientes à part entière, et non pas bénéficiaires pour les aider à se reconstruire différemment. Le parcours d’un an est personnalisé, il comprend des soins de beauté (coiffure, manucure, conseil en image) à prix symboliques entre 1€ et 3€ réalisés par des professionnel.les dont une socio esthéticienne et une coiffeuse accompagnées de bénévoles . Des produits professionnels et un dressing solidaire sont mis à disposition par les entreprises partenaires (L’OréalLes secrets de LolyMlle AgatheSensai, …) afin d’offrir un service le plus abouti possible tout en construisant un véritable esprit convivialité dans le salon.

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Un impact concret pour les femmes accompagnées

Face aux multiples défis sociaux en France, ce projet pourrait avoir l’air d’une goutte d’eau, mais l’étude d’impact réalisée en 2018 montre qu’il a changé positivement et de manière très concrète la vie des 6000 femmes accompagnées depuis la création.

89% des clientes disent qu’elles ont gagné en confiance ce qui se traduit par des gestes simples (se regarder dans le miroir, prendre la parole en public, aller dans un lieu inconnu) et pourtant décisifs pour ces femmes engagées dans un parcours de réinsertion. Certaines femmes affirment d’ailleurs aller au salon tôt le matin car elles savent qu’elle seront alors en confiance pour engager des démarches dans la journée. 67% ont ainsi fait des demandes d’emploi pendant leur parcours et 75% ont engagé des actions pour prendre soin de leur santé.

A l’issue du parcours, plus d’une femme sur deux déclare vouloir tisser plus de lien social en dehors du salon et 1 femme sur 4 déclare s’être engagée dans une association pendant le parcours. La beauté comme levier pour que chaque femme prenne sa place dans la société est bien réel !

Comment faire grandir un tel projet ?

L’association qui a développé le concept gère en propre le salon de Paris, deux autres ont été créés depuis à Moulins et Clermont-Ferrand par d’autres structures. Un autre devrait ouvrir à Poitiers d’ici un an, grâce à l’énergie d’Edoinise que j’ai rencontrée au salon. Après plusieurs années en tant que travailleuse sociale elle a suivi une formation en management et entrepreneuriat afin de monter son projet avec les salons Joséphine.

Tout l’enjeu est de fédérer les acteurs locaux afin d’intégrer au maximum le projet dans son environnement et trouver des financements ainsi que des partenaires. Le travail de mesure d’impact a ainsi permis de faciliter la communication autour du projet et d’en démontrer la pertinence, avec comme ambition d’ouvrir un salon par région dans les années à venir… Projet à suivre ! 

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Article rédigé par Anne-Sophie Alibert, Associée On Purpose, promotion octobre 2018