Comment parler de sa transition professionnelle à ses proches quand on choisit les métiers de l’impact ?
Vous êtes à table, entouré de votre famille ou face à votre conjoint. Vous avez enfin décidé de partager ce qui vous trotte dans la tête depuis un moment : quitter un poste prestigieux, stable et bien rémunéré pour vous tourner vers un métier de l’impact. À peine avez-vous fini votre annonce qu’une vague de réactions surgit :
- "Tu es sûr·e de ce que tu fais ?"
- "Tu veux devenir pauvre, en fait."
- "Pourquoi abandonner tout ce que tu as construit ?"
Ces remarques, souvent empreintes de scepticisme ou d’inquiétude, ne sont pas surprenantes. Elles traduisent les peurs et les valeurs des personnes qui vous entourent. Mais comment expliquer votre choix et, idéalement, obtenir leur soutien ?
1. Témoignages : ceux qui ont osé
À la sortie de ses études, Victoria Guillomon, créatrice du podcast Nouvel Œil, a décidé de dédier sa vie à l’engagement en lançant un projet centré sur l’écologie et les parcours inspirants. Elle raconte :
« J’aurais eu mille raisons de m’arrêter au regard des autres. Quand j’ai fait ma transition, tout le monde remettait en question ce que je faisais. On me disait que je ne gagnerais pas ma vie en faisant des podcasts et que ce n’était pas sérieux. J’ai l’impression que quand tu es épanouie dans ce que tu fais, les gens te disent que ce n’est pas un vrai métier. Parce que le travail doit être dur. J’ai grandi avec cette idée. J’ai mis du temps à me dire que ce que je faisais était vraiment un travail. Quand je me suis mis à le faire plus professionnellement, j'ai eu des retours qui ont provoqué un déclic et qui m’ont confortée dans le fait que j’allais le faire toute ma vie. (...) Je suis persuadée que maintenant ma vie va être ponctuée par les aventures. »
Un autre exemple est celui d’Andréa, pour qui la discussion avec son conjoint s’est révélée, au final, constructive et libératrice.
« Quand on commence à penser à ce genre de métier et la perte de salaire que ça peut induire, ainsi que les conséquences sur la famille, on se demande si on veut vraiment le faire. On met en perspective ce qu’on a vécu avant, les raisons pour lesquelles on a voulu partir et ce qu’on pense trouver en changeant de métier. J’ai eu cette conversation avec mon mari et il a dit qu’il me soutenait. Ça a dissipé les doutes que j’avais. »
2. Pourquoi les réactions négatives ?
Les craintes des proches peuvent être variées :
- L’inquiétude pour votre sécurité financière : Quitter un emploi stable peut les alarmer, surtout s’ils valorisent la stabilité comme un idéal.
- La perte d’un statut lié à un titre : Une position de « directeur·ice », par exemple, qui honorait aussi la famille
- Une incompréhension des métiers de l’impact : Ce secteur reste mal connu , alors qu'il représente 10 % de l’emploi salarié en France.
- Le miroir de leurs propres choix : Votre décision peut les pousser à remettre en question leur propre parcours, créant des tensions involontaires.
Ces réactions varient aussi selon le rapport des différentes générations au travail.
- Les Boomers (1946-1964) valorisent la stabilité et le respect des organisations.
- La Gen X (1965-1980) met l’accent sur la hiérarchie, les promotions et la réussite professionnelle.
- Les Millennials (1980-1994) cherchent un équilibre entre vie pro et vie perso, et une meilleure santé mentale.
- La Gen Z (1995-2009) priorise le sens et l’éthique au travail.
(Source : France Travail)
Reconnaître et respecter ces divergences idéologiques et ces valeurs fondamentales est une étape clé pour établir un dialogue constructif.
3. Conseils pratiques pour mieux communiquer
a. Préparer vos arguments
Avant de discuter, structurez vos idées :
- Pourquoi l’ESS ou les métiers de l’impact ?
- Quels bénéfices sur votre bien-être et votre épanouissement ?
- Quels plans financiers avez-vous mis en place pour sécuriser cette transition ?
Par exemple : "Je gagne peut-être moins, mais je dépense mieux. Je fais un travail qui m’apporte un équilibre personnel et un impact positif."
En fonction de l’avancée de votre projet, il peut être utile de montrer que c’est un choix réfléchi, en sachant raconter sa démarche (formations, études de marché, réseau professionnel, etc.). Cela démontre que vous avez pris le temps de préparer ce changement et que vous ne le faites pas sur un coup de tête.
b. Anticipez les objections et les traiter avec la méthode ACRA
Dominique Schmidt, coach chez On Purpose est aussi présidente de Smart & Happy. Elle nous conseille cette méthode éprouvée :
- A : Accueillir l’objection avec ouverture
- « j’entends que tu es inquiet·e. »
- « je ressens tes angoisses. »
- C : Creuser pour comprendre et ne pas vous précipiter dans la contre-argumentation
- « Qu’est-ce qui te fait penser ça ? »
- R : Reformuler
- « Si je comprends bien, tu t’inquiètes pour ma sécurité financière. »
- « En résumé, tu as peur que je gâche mon avenir ? »
- A : Argumenter avec empathie
- « J’ai de l’épargne. Le programme de transition est rémunéré. Le taux d’insertion à la sortie du programme est de telle quantité, etc. »
Et surtout, souvenez-vous : Persuader quelqu’un·e est toujours plus efficace en vous appuyant sur ses propres raisonnements, plutôt qu’en cherchant à le faire changer d’avis par d’autres moyens. De surcroît, on ne persuade pas quelqu’un·e en lui démontrant qu’iel a tort.
Conclusion
Changer de voie pour rejoindre l’impact est un choix courageux qui peut être difficile à expliquer à vos proches. Pourtant, avec une communication claire, de la patience et des preuves de votre engagement, vous pouvez transformer leurs craintes en soutien. Et si certaines personnes ne sont jamais convaincues ? Cela ne devrait jamais vous détourner de ce qui compte vraiment : construire une vie qui a du sens pour vous.